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Le boomerasking, ce nouveau poison silencieux qui détruit nos relations sociales sans qu’on s’en rende compte

smiling young multiethnic fashion designers talking and drinking coffee while working together
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Vous avez sûrement déjà rencontré ces personnes qui posent des questions uniquement pour parler d’elles-mêmes. Cette pratique, baptisée « boomerasking », inquiète les psychologues qui y voient un symptôme de l’évolution toxique de nos interactions sociales. Une étude de Harvard révèle les mécanismes de ce comportement et ses conséquences dévastatrices sur nos relations personnelles et professionnelles.

Le boomerasking, miroir de notre société narcissique

Le terme « boomerasking », né de la fusion des mots « boomerang » et « asking », s’est rapidement imposé dans le vocabulaire des spécialistes du comportement. Une étude menée par le Dr. Alison Wood Brooks de l’université Harvard a mis en lumière ce phénomène qui gangrène nos conversations quotidiennes.

Prenons un exemple parlant : Marie demande à sa collègue Sophie ce qu’elle pense du nouveau restaurant végétarien du quartier. Sophie commence à peine à partager son expérience que Marie l’interrompt pour lui raconter sa dernière expérience gastronomique dans un restaurant étoilé à Paris. Cette situation, apparemment anodine, illustre parfaitement le mécanisme du boomerasking.

Les multiples visages d’une manipulation sociale

Les recherches du Dr. Wood Brooks, publiées dans l’American Psychology Association, ont permis d’identifier différentes manifestations de ce comportement. La « demande-vantardise » représente sa forme la plus visible : la personne pose une question dans le seul but d’enchaîner avec ses propres accomplissements.

La « demande-plainte » fonctionne sur le même principe, mais vise à attirer l’attention sur ses difficultés personnelles. Par exemple, quelqu’un vous demande comment s’est passé votre déménagement, pour ensuite monopoliser la conversation avec le récit de ses propres galères lors de son changement d’appartement.

La « demande-partage », plus subtile, consiste à détourner systématiquement la conversation vers ses centres d’intérêt. Imaginez un ami qui vous demande quel film vous avez vu récemment, non pas par curiosité, mais pour vous parler pendant une heure de sa dernière série préférée.

Comment le boomerasking affecte nos relations au quotidien

Les conséquences de cette pratique vont bien au-delà du simple agacement. Les recherches montrent que les « boomeraskers » sont perçus comme des personnalités toxiques dans leur environnement professionnel. Une étude réalisée auprès de 2500 salariés révèle que 78% des personnes interrogées évitent activement les collègues identifiés comme pratiquant régulièrement le boomerasking.

Dans la sphère personnelle, ce comportement peut créer des dommages durables. Sarah Martinez, psychologue spécialisée en relations interpersonnelles, explique que « le boomerasking crée une asymétrie relationnelle qui épuise émotionnellement l’interlocuteur. À force d’être systématiquement ramené aux expériences de l’autre, on finit par se désengager de la relation. »

Les racines psychologiques d’un comportement toxique

Le boomerasking trouve ses racines dans plusieurs mécanismes psychologiques. L’essor des réseaux sociaux a normalisé l’autopromotion constante. Notre société valorise tellement la mise en avant de soi que certaines personnes ne savent plus interagir autrement.

L’anxiété sociale joue aussi un rôle majeur. Le Dr. Michael Thompson, psychiatre à l’université de Stanford, souligne que « beaucoup de gens utilisent leurs propres expériences comme un bouclier conversationnel. Parler de soi devient une zone de confort qui évite de s’exposer véritablement à l’autre. »

Vers une communication plus authentique

La prise de conscience de ce comportement constitue la première étape vers le changement. Si vous vous reconnaissez dans ces descriptions, commencez par observer vos habitudes conversationnelles. Notez les moments où vous êtes tenté de détourner la conversation vers vous.

Pratiquez l’écoute active. Posez des questions de suivi sur ce que votre interlocuteur partage. Par exemple, si quelqu’un vous parle de ses vacances en Grèce, demandez-lui ce qui l’a le plus marqué, plutôt que d’enchaîner sur votre dernier voyage.

Un enjeu de société majeur

Le boomerasking représente un symptôme d’une société où l’individualisme prime sur l’empathie. Les experts s’accordent à dire que la qualité de nos relations sociales influence directement notre bien-être mental et notre réussite professionnelle.

Le Pr. Jennifer Adams de l’université de Columbia suggère que « nous devons réapprendre l’art de la conversation authentique. Dans un monde hyperconnecté, la capacité à créer de véritables liens humains devient un super-pouvoir. »

La prochaine fois que vous aurez envie de partager quelque chose qui vous tient à cœur, essayez simplement de l’annoncer directement. Un « J’aimerais te raconter quelque chose d’excitant qui m’est arrivé » sera toujours mieux reçu qu’une question détournée. La sincérité reste la meilleure stratégie pour construire des relations durables et épanouissantes.

A retenir

  • Par exemple, quelqu’un vous demande comment s’est passé votre déménagement, pour ensuite monopoliser la conversation avec le récit de ses propres galères lors de son changement d’appartement.
  • La prise de conscience de ce comportement constitue la première étape vers le changement.
  • Par exemple, si quelqu’un vous parle de ses vacances en Grèce, demandez-lui ce qui l’a le plus marqué, plutôt que d’enchaîner sur votre dernier voyage.

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